Les lundi 3 et mardi 4 juillet, des discussions tendues ont été menées au sein du comité de gestion de la STIB pour statuer sur l’évolution de la politique de neutralité de la société de transports bruxellois. Une décision de justice avait condamné la société pour discrimination en raison de sa politique de neutralité exclusive, l’interdiction de tous signes convictionnels. Mais le dossier est très sensible et l’accord est difficile, le vote a donc été reporté au 14 juillet prochain.
Cette condamnation avait divisé la classe politique entre ceux qui avaient poussé la société à faire appel de cette décision (DEFI, OPEN VLD ) et ceux qui étaient contre et en faveur de la neutralité inclusive (les signes convictionnels sont permis, Ecolo, certains Groen et PS). Un appel auquel avait finalement renoncé la STIB suite à un vote serré : 3 voix partout, c’est le vote du président Groen qui avait fait pencher la balance.
Application de la décision de justice
Afin d’appliquer la décision de justice, la STIB a décidé d’engager un parcours en interne en menant une série de discussions en interne afin de définir sa politique de neutralité. « La STIB a engagé un processus participatif de consultation large impliquant différentes parties prenantes de l’entreprise. Il s’agissait de soutenir le développement de solutions qui soient en phase avec la réalité fonctionnelle de l’entreprise et son propre espace de possibles, et de répondre au cadre fixé par le Gouvernement bruxellois. La démarche s’est articulée autour des différentes activités : interviews, groupes de travail, groupes de discussion, enquête, journée projet,… Ce processus a démarré en mars 2022 » explique Françoise Ledune, porte-parole de la STIB. Actiris qui avait été condamnée pour les mêmes motifs avait mis 48 heures pour appliquer la décision de justice.
Un cadre fixé par le gouvernement bruxellois
Le gouvernement de Rudi Vervoort s’était accordé sur certaines balises : l’interdiction des signes convictionnels reste d’application pour les fonctions d’autorité et celles en contact relationnel avec le public. Une note stipule également l’interdiction de tout prosélytisme sur le lieu de travail, aucun aménagement des espaces ne peut donc se faire pour des raisons religieuses (espace de prières notamment). Plusieurs scénarios sont sur la table : allant du tout exclusif (statu quo, ce qui est actuellement en vigueur à la STIB et pour lequel la société a été condamnée), au tout inclusif en passant par un mélange des deux formules. Les deux premières propositions ne recueillent pas les plus gros suffrages, la première allant contre la décision de justice tandis que la seconde ne contente pas les opposants au port des signes convictionnels au sein de la STIB. Le comité de gestion doit parvenir à un accord. Mais le blocage est total. Les positions sont éloignées et le consensus est difficile. « PS et Écolo ont proposé l’uniforme sauf pour les contrôleurs et le back-office (fonctions d’administration). Défi s’est braqué et voulait quelque chose de plus minimaliste encore. La direction de la STIB veut bien casser un peu le plafond de verre pour le back-office mais pas en Front-Office. La question des conducteurs de métro qui ne sont pas en contact avec le public fait aussi l’objet de vifs débats. La direction de la STIB est au courant que certaines conductrices portent un bandana et une casquette mais estime qu’il faudrait un turban au minimum aux couleurs de la STIB » nous indique une source interne qui souhaite garder l’anonymat.
Une enquête qui fait polémique
En février dernier, une enquête interne de la STIB a fuité dans la presse. Il en ressortait que 50,2% du personnel (43,9% chez les femmes) se sentiraient à l’aise si un collègue ou une collègue portait des signes convictionnels au travail, mais une majorité (62,6%) préférerait que cela ne soit pas autorisé quelles que soient les fonctions exercées. Certains n’hésitent pas à dénoncer les résultats de cette enquête qui aurait été menée lors des vacances scolaires et évoquent une fuite « orchestrée ». « La majorité écrasante des chauffeurs et techniciens n’y ont pas participé en raison du caractère intrusif des questions. Au total 10% du personnel y ont répondu, principalement des employés, ce qui pose la question du degré de représentativité du personnel » nous indique notre source. Quoi qu’il en soit, le dossier reste très sensible et les positions si opposées qu’un accord semble difficile le 14 juillet prochain, date fixée pour le vote. Ce qui souligne les crispations et les positions clivantes qui entourent les questions liées aux convictions religieuses.