Le Conseil Musulman de Belgique (CMB) tire la sonnette d’alarme: le cimetière multiconfessionnel d’Evere arrive bientôt à saturation. Si aucune alternative n’est trouvée, les musulmans de Belgique ne pourront plus enterrer leurs morts selon leurs principes après le mois de juin à Bruxelles. Le CMB appelle à une mobilisation rapide et efficace pour prévenir une crise imminente et respecter la dignité des rites funéraires.
Changement des pratiques funéraires depuis le Covid-19
Si autrefois les musulmans belges choisissaient majoritairement de rapatrier leurs morts au Maroc ou en Turquie (premières communautés d’immigration), la pandémie de Covid-19 a eu un impact profond sur les traditions et pratiques funéraires parmi les musulmans de Belgique. Avec les restrictions de voyage et une prise de conscience accrue des coûts et des complications liés au rapatriement des corps, de nombreux musulmans de Belgique ont opté pour des enterrements locaux. Ce changement a entraîné une pression accrue sur les infrastructures existantes, en particulier le cimetière multiconfessionnel d’Evere, qui est rapidement devenu insuffisant pour répondre à la demande croissante. Pourtant, le problème est connu depuis 2022: « En ce qui nous concerne, nous n’avons été sensibilisés au problème seulement à partir de juin 2024 », affirme Michaël Privot, administrateur du CMB. « Nous avons rapidement envoyé une lettre aux différentes mosquées en les invitant à s’adresser à leurs responsables communaux et à profiter de l’année électorale pour essayer de faire bouger ce dossier. Nous avons attendu qu’un gouvernement se mette sur pied au niveau régional pour tenter également la voie régionale, mais vu le contexte actuel, nous avons opté pour une autre stratégie. ». »
Rencontres avec les communes
En réponse à cette urgence, le CMB a pris contact avec les autorités communales de la région de Bruxelles-Capitale. Des réunions ont été organisées avec des bourgmestres, mais elles n’ont, pour l’heure, abouti à aucune solution durable. « Nous avons rencontré les bourgmestres de Schaerbeek et Saint-Josse. Une rencontre est prévue la semaine prochaine avec le bourgmestre d’Anderlecht. Il faut que les communes décident de dégager des parcelles au sein de leur cimetière. Pour l’heure, nous essayons aussi de convaincre les communes qui disposent déjà de carrés confessionnels, notamment Anderlecht et Uccle, de permettre d’accueillir les défunts après le mois de juin », détaille Michaël Privot. Le principal obstacle reste le manque de terrains disponibles pour de nouvelles sépultures dans plusieurs communes, soulignant ainsi la nécessité d’une stratégie de mobilisation plus large.
Mobilisation et responsabilisation individuelle
Face à cette situation critique, le CMB appelle les musulmans de Belgique à prendre un rôle actif afin de trouver une solution rapide. « Nous encourageons chaque personne à comprendre l’importance de l’enjeu et à participer activement en contactant leurs représentants locaux ou leurs députés et en les interpellant sur cette question. Cette mobilisation est essentielle non seulement pour attirer l’attention sur la question, mais aussi pour pousser les autorités locales à agir rapidement afin de permettre aux musulmans de continuer à enterrer leurs morts à Bruxelles. Il sera toujours possible de les enterrer en Wallonie, où les carrés sont disponibles, mais cela engendrera des coûts plus élevés en raison de la distance plus longue. Il nous faut donc une solution rapide et efficace pour tous les Bruxellois », conclut l’administrateur du Conseil Musulman de Belgique.
L’enjeu est de taille puisqu’il s’agit de garantir que chaque famille musulmane puisse honorer ses défunts conformément à ses convictions religieuses et dans la dignité.