Le Gouvernement bruxellois s’est accordé sur la composition du Conseil Consultatif Bruxellois pour l’élimination du Racisme (CCBR) entérinant de ce fait sa création officielle. Mais parmi les 22 membres du Conseil, on notera un grand absent : le Collectif pour l’Inclusion et contre l’Islamophobie en Belgique (CIIB).
Aux côtés d’interlocuteurs sociaux, d’experts issus du monde académique et d’Unia, des acteurs incontournables de la lutte contre le racisme issus de la société civile ont été désignés parmi lesquels : le MRAX, le centre communautaire laïc juif David Susskind, Bepax, ou encore le CBAI. Un conseil composé au total de 22 membres. Toutefois, en parcourant la liste des membres, on ne peut que s’étonner de l’absence remarqué d’un interlocuteur actif sur le terrain depuis de nombreuses années, le CIIB : Le Collectif pour l’Inclusion et contre l’Islamophobie en Belgique. Ce n’est pourtant pas faute d’avoir déposé un dossier, mais qui n’a pas été retenu…
Les Bruxellois et Bruxelloises victimes d’islamophobie n’auront donc pas la parole dans ce Conseil. Une décision totalement incomprise par le CIIB. « C’est assez déconcertant. L’administration bruxelloise a préparé un plan de lutte contre le racisme de 130 pages, mais pas un seul passage ne concerne le racisme anti-musulman alors que des organisations comme l’ONU, le Conseil de l’Europe insistent auprès des gouvernements nationaux pour qu’ils luttent efficacement contre l’islamophobie » explique Mustapha Chairi, co-fondateur du CIIB. Un appel à candidature a été lancé par la Secrétaire d’État à l’Égalité des chances, Nawal Ben Hamou (PS). « Nous avons déposé un solide dossier mais notre candidature a été refusée sans nous fournir d’explications alors que nous sommes la seule association qui avons le mot « islamophobie » dans son objet social. Sur les réseaux sociaux nous avons donc interpellé la Secrétaire d’État qui nous a répondu que d’autres associations retenues luttent également contre l’islamophobie, ces mêmes associations luttent également contre l’antisémitisme. Mais cela n’a pas empêché que d’autres associations soient membres de ce conseil. Nous ne souhaitons prendre la place de personne, nous demandons simplement à la Secrétaire d’État de reconsidérer sa décision et de nous intégrer dans ce Conseil. La lutte contre toutes les formes de racisme ne peut se faire sans le CIIB alors que de nombreux musulmans habitent la capitale et sont victimes de racisme et de discriminations. « Tout ce qui se fait sans nous, se fait contre nous » conclut Mustapha Chairi.
Interpellations au parlement
La députée bruxelloise Farida Tahar (Ecolo) a interpellé à ce sujet la Secrétaire d’État lors de la plénière du parlement bruxellois. « Il ne peut y avoir de lutte contre le racisme sans lutte contre l’islamophobie. A quelques jours des 60 ans de l’immigration turque et marocaine, quel message voulons-nous envoyer à toutes ces jeunes générations dont les grands-parents ont contribuer à reconstruire notre région bruxelloise au lendemain de la seconde guerre mondiale ? » Même interrogation du côté du député Fouad Ahidar (Team Fouad Ahidar) qui s’interroge sur la procédure de sélection des membres du conseil et s’étonne que la candidature de : « l’organisation qui lutte jour et nuit contre l’islamophobie n’ait pas été retenue. L’islamophobie est présente dans notre région, nous avons désespérément besoin de ces personnes pour faire la différence. »
Un organe équilibré ?
Dans la presse, la Secrétaire d’État s’est réjouie d’une « composition riche » qui permettra « de placer les interlocuteurs sociaux au cœur de la lutte contre le racisme en y associant une société civile associative organisée, représentative et qui se retrouve dans un organe à la composition mixte et équilibrée »
Un organe mixte et équilibré où la parole des acteurs de lutte contre l’islamophobie ne sera visiblement pas entendu…