Ce jeudi, les représentants de l’Afrique du Sud ont exposé leurs arguments devant la Cour internationale de justice à la Haye, aux Pays-Bas. Une audience historique marquée par des moments forts où Prétoria accuse Israël de génocide. Ce vendredi, place à la défense.
Le moment est solennel et intensément ressenti lorsque la Cour fait son entrée ce jeudi 11 janvier : quinze magistrats, deux juges, l’un désigné par l’Afrique du Sud et l’autre par l’État hébreu. Très vite, les mots sont prononcés, des mots lourds de sens : Génocide, Apartheid, Massacre. Des chiffres sont cités : 23 210 Palestiniens tués par l’armée israélienne, 70 % de femmes et d’enfants, 7000 personnes portées disparues, 350 000 foyers détruits, 85% de la population gazaouie déplacée, 6000 bombes larguées sur l’enclave la plus densément peuplée au monde… Les interventions sont minutées et préparées par des professionnels du droits reconnus et respectés.
Quels arguments avancés ?
Pour l’Afrique du Sud, il n’existe aucun doute sur les intentions du gouvernement israélien. L’objectif visé « par le gouvernement d’Israël, pas par le peuple juif », est de « détruire tous les Gazaouis ». Une volonté qui n’est pas nouvelle mais qui est le prolongement d’une politique colonisatrice : « L’occupation a été menée dans un profond mépris du droit international » a déclaré un conseiller. Ces déclarations sont ponctuées par certaines images fortes : des soldats israéliens chantant « il n’y a pas d’innocents. Que brûlent leurs villages, que Gaza soit effacée. » D’autres images montrent des soldats faisant exploser des maisons sans aucune sommation et récitant des passages de la Bible. Toutefois, les avocats sud-africains expliquent qu’ils n’auront qu’« un recours modéré au matériel audiovisuel », estimant que la Cour n’est pas « un théâtre ni un spectacle. Notre requête se fonde sur le droit pas sur les images » a ajouté le professeur Max du Plessis. Les images rappellent avant tout une évidence : « tout cela continue à Gaza. »
Mesures conservatoires
La procédure pourrait être longue, c’est pourquoi la requête sud-africaine demande à la Cour de prendre des mesures conservatoires. Parmi les mesures, la suspension immédiate des opérations israéliennes, l’ouverture de Gaza aux enquêteurs, l’arrêt des meurtres, des privations, des expulsions. A Gaza, la situation ne « saurait être plus urgente », les « Palestiniens de Gaza ont simplement, mais profondément le droit d’exister » rappelle un des intervenants. Ce vendredi 12 janvier, Israël devra prouver que ces accusations sont infondées.
La Belgique pourrait-elle soutenir l’Afrique du Sud ?
C’est en tous cas le souhait formulé par la vice-Première ministre belge, Petra De Sutter (Groen). « Nous ne pouvons rester les bras croisés devant les énormes souffrances humaines à Gaza, nous devons agir contre la menace de génocide« , a écrit l’élue sur X. « Je veux que la Belgique agisse devant la Cour internationale de justice dans la foulée des poursuites intentées par l’Afrique du Sud. Je le proposerai au gouvernement belge« , a-t-elle poursuivi. Petra de Sutter avait également appeler au boycott d’Israël et à des sanctions commerciales contre l’État hébreu. Les partis politiques PS, Vooruit, Ecolo, Groen et le CD&V ont également affirmé que notre pays devait se joindre à la requête de l’Afrique du Sud devant la Cour internationale de justice. Dans l’opposition le PTB soutient également cette action alors que la NVA a montré son désaccord.