« Il pète les plombs », « des conneries », un « non-sens », les réactions pleuvent après les déclarations de Fouad Ahidar (Vooruit) sur le contexte au Proche-Orient. Dans une interview accordée à Zinneke.tv, l’élu bruxellois a comparé les bombardements israéliens sur Gaza aux mêmes méthodes que celles utilisées à Aushwitz. Une comparaison qui ne passe pas même au sein de son propre parti, Vooruit qui a rapidement pris ses distances. Certains membres du Conseil de la Commission communautaire flamande (CCF) appellent à sa démission de la présidence. Le député bruxellois, lui, continue d’afficher son soutien inconditionnel au peuple palestinien.
Fouad Ahidar a qualifié l’attaque sanglante du Hamas de « petite réponse« , ajoutant qu’Israël ne « récolte que ce qu’il a semé ». Des propos qui ne passent pas auprès de l’opposition au CCF qui appelle à sa démission. Ans Persoons, secrétaire d’État bruxellois et membre de Vooruit a qualifié les propos de Fouad Ahidar de « non-sens », et de « conneries » ajoutant qu’il ne s’agit pas de la position de Vooruit dans une interview accordée à BX1. La députée bruxelloise Bianca Debaets (CD&V) estime qu’Ahidar a fait du bon boulot en tant que président du Conseil du CCF mais « là il pète sérieusement les plombs.» Elle ajoute notamment que ses propos viseraient à « marquer des points personnels auprès d’un groupe et d’attiser la haine. C’est pourquoi nous exigeons des excuses pour ces déclarations. Si nous ne les recevons pas, nous ne voyons pas d’autre issue que de demander sa démission.» Un débat sur la question a eu lieu vendredi lors de la séance plénière du CCF. Débat au cours duquel le président s’est fait remplacé par la députée Groen, Soetkin Hoessen.
Fouad Ahidar présente ses excuses mais réitère son soutien à la cause palestinienne
« Chaque victime est une victime, qu’elle soit palestinienne ou israélienne. Je présente mes excuses si certains de mes propos ont été mal interprétés donnant l’impression que je n’avais pas d’empathie pour les victimes israéliennes. Chaque mort est un mort de trop. Nous ne sommes pas dans une politique d’œil pour œil mais Israël sème la terreur depuis de trop nombreuses années et cela, dans une impunité totale. Et cette haine a fini par attiser des revanches. Je suis particulièrement touchée par la cause palestinienne, je me suis rendu à Gaza et j’y ai vu la misère humaine. Nous sommes face à un génocide selon les mots de l’ONU. Israël a un projet global de colonisation et rien ne l’arrête. Pour beaucoup moins que cela, nous étions auprès de l’Ukraine contre la Russie mais quand il s’agit d’Israël, les discours sont plus mesurés. Pour moi, Israël est un état criminel, un élève qui est devenu un mauvais maître. Nous devons demander un cessez-le-feu, une véritable aide humanitaire pour Gaza, et les deux parties autour de la table pour enfin trouver une solution à cette souffrance endurée par les Palestiniens depuis 75 ans. »
Pas une première
Ce n’est pas la première fois que Fouad Ahidar s’écarte de la ligne imposée par son parti Vooruit. En juin de l’année dernière, lors du débat sur la question de l’abattage rituel sans étourdissement, Fouad Ahidar avait choisi, par conviction personnelle, de ne pas voter en faveur de l’étourdissement, s’écartant de la consigne de vote de son groupe et perdant dans la foulée son siège au conseil d’administration de Vooruit. Une prise de position qui divise la classe politique, alors que d’autres dirigeants politiques ont tenu les mêmes propos; c’est le cas des socialistes André Flahaut et Jean Pascale Labille qui ont comparé Israël à l’Allemagne nazie.
Alors que certains universitaires évoquent un possible génocide à Gaza, les prises de positions contestées aujourd’hui seront peut-être celles qui seront saluées demain…