À intervalles réguliers, des figures musulmanes ou des organisations citoyennes se retrouvent projetées en une de l’actualité, accusées d’intentions cachées, d’entrisme ou d’influence étrangère. Mais à chaque fois, la même mécanique : absence de preuves, emballement médiatique, puis oubli total. À force de désigner des ennemis imaginaires, on oublie l’essentiel : la construction d’une société unie, où chaque citoyen trouve sa place.
Quand l’opinion remplace la preuve : une mécanique bien rodée
Chaque fois qu’un vide politique se crée ou qu’un débat embarrassant survient, la carte musulmane est rejouée. On brandit de vieux fantasmes pour détourner l’attention. Il ne faut plus de faits. Il suffit d’un tweet, d’un blog obscur, d’un soupçon. Et très vite, l’opinion prend le pas sur la vérité.
Ces accusations ne visent jamais les idées ou les actes concrets, mais l’image, la posture, l’apparence.
En quelques jours, la personne est blacklistée, ses comptes sont gelés, sa réputation est brisée.
Et ce qui est grave, c’est qu’en disqualifiant ces voix, on crée un vide.
Un vide que ne combleront ni les politiques, ni les médias, mais parfois des discours extrêmes, hostiles à notre société, car cette société ne leur a pas laissé de place.
🇫🇷🇧🇪 Frères musulmans : déjà vu en Belgique, et déjà démonté
En France, un nouveau rapport parlementaire sur les « Frères musulmans » fait la une. Les mots sont graves, l’ambiance est lourde.
Mais en Belgique, ce scénario est déjà connu.
En 2015, le magazine Le Vif titrait :
🗞 « Comment les Frères musulmans ont pris la Belgique en otage »
Un choc médiatique. Mais très vite, l’illusion se dissipe : pas de faits vérifiés, pas de procédure judiciaire, pas de condamnation.
Le Conseil de Déontologie Journalistique (CDJ) a sévèrement critiqué l’article :
- Absence de contradictoire,
- Approximations,
- Langage stigmatisant [avis CDJ].
Et les personnes visées ?
Zéro condamnation. Zéro infraction. Zéro preuve.
Un effet d’annonce, sans base réelle. Mais les conséquences, elles, ont bien été subies : discrédit, perte d’emploi, mise à l’écart.
Effacer ses convictions pour être accepté ?
Aujourd’hui, ce précédent pèse lourd. De nombreux musulmans n’osent plus s’impliquer dans des associations, passer dans les médias ou même être identifiés comme “musulmans engagés”, de peur d’être aussitôt étiquetés “fréristes”.
On constate chez certains une forme de retrait discret de la sphère publique. Par peur d’être pris pour cible, beaucoup préfèrent s’effacer ou gommer certaines facettes visibles de leur identité.
Et pourtant, c’est l’inverse qu’il faudrait faire.
Combattre l’islamophobie ne passe pas par le silence, mais par la présence confiante, le témoignage paisible, l’engagement utile.
Les gens ont peur de ce qu’ils ne connaissent pas. Et la meilleure réponse, c’est d’être là, avec nos valeurs, avec notre identité, pour bâtir une société plus juste, ensemble.
Dossiers vides, conséquences lourdes : des exemples concrets
On pourrait croire que ces campagnes de soupçon ne laissent derrière elles qu’un peu de polémique. Mais elles marquent durablement les personnes visées — même quand les accusations s’effondrent. Pourtant, ce qui mérite d’être souligné ici, c’est la dignité, la détermination et l’engagement sans faille de celles et ceux qui ont choisi de ne pas se taire.
Prenons quelques cas emblématiques :
- Fouad Ahidar, député bruxellois, a été accusé d’antisémitisme à la suite d’un discours mal interprété. L’affaire a été classée sans suite, mais il a répondu aux accusations avec calme, sans renoncer à sa parole politique ni à son engagement pour une société plus juste [source].

- Ihsane Haouach, femme brillante au parcours irréprochable, a été contrainte à la démission sous pression médiatique, sans aucune preuve sérieuse à son encontre. Elle aurait pu disparaître du débat public. Mais elle a continué à agir avec intelligence et constance, incarnant un modèle de leadership serein et assumé [source].
- Mohamed Toujgani, imam respecté, a vu ses droits piétinés par une décision d’expulsion sans fondement judiciaire. Mais il n’a jamais cédé à la colère ni au ressentiment. Il a utilisé les voies légales, a été soutenu, et a retrouvé son droit d’être présent et utile à la communauté [source]
Ces parcours montrent que les accusations sans fondement ne suffisent pas à faire taire les consciences claires.
La blessure est réelle, mais la réponse a été digne, constructive et fidèle aux principes de justice.
Ce ne sont pas des récits de victimes, ce sont des récits de résistance.
Notre réponse : agir, éclairer, servir

Face à cela, notre réponse ne sera pas le silence ni la peur.
Notre réponse, c’est le service, la constance, l’exemplarité.
🕊 “Le meilleur d’entre vous est celui qui est le plus utile aux autres.” – Prophète Muhammad ﷺ
Ce hadith n’est pas un slogan. C’est une feuille de route.
Que chacun d’entre nous, dans son quartier, son entreprise, son association, soit utile, apaisant, fédérateur.
Et que nous ne laissions personne définir à notre place ce que signifie « être belge et musulman ».
Reconstruire la confiance, ensemble
Ce n’est pas à nous de demander l’autorisation d’exister.
C’est à l’État, aux médias, aux décideurs, de revenir à la raison, à la justice, à la vérité.
Les musulmans de Belgique ne sont pas en embuscade.
Ils sont déjà là, au cœur de l’école, de l’entreprise, des soins, de la culture.
Et ils ne demandent qu’une chose : construire ce pays, avec loyauté, honnêteté et foi.
Il est temps d’en finir avec les effets d’annonce.
Et de reconstruire la société, ensemble.