Le guide d’Éducation à la Vie Relationnelle, Affective et Sexuelle (EVRAS) fait débat. Plusieurs associations de parents refusent que ces animations soient dispensées au sein des écoles de la Fédération Wallonie Bruxelles. Un décret doit être voté demain, jeudi, au parlement pour rendre ces animations obligatoires en sixième secondaire et quatrième primaire, dans un premier temps. Musulmans.be fait le point.
Non à l’Evras ! Mobilisez-vous ! Les appels à manifester contre l’Evras sont relayés en masse sur les réseaux sociaux ces dernières semaines. En cause, les craintes liées au contenu véhiculé lors de ces animations. Des inquiétudes relayées dès le mois d’octobre dernier, lorsque de nombreux professionnels de la petite enfance ont alerté sur plusieurs passages du guide jugés problématiques. Les critiques concernaient l’identité de genre (question qui pouvait, selon le guide, être abordé dès la maternelle), et la possibilité de se sentir libre d’envoyer des messages à caractère sexuel (sextos) dès l’âge de 9 ans. Face à la levée de boucliers de pédopsychiatres et de parents outrés, le guide a été modifié.
Reformulé
Le guide est destiné aux adultes professionnels qui interviendront dans les différentes écoles. Mais face aux nombreuses critiques, la ministre de l’Éducation, Caroline Désir a demandé aux différents acteurs de se pencher à nouveau sur le guide pour supprimer ou modifier les parties jugées dangereuses. Mais ces aménagements ne suffisent pas à rassurer les parents d’élèves qui estiment que ce n’est pas le rôle de l’école d’évoquer ces sujets liés à la vie intime et privée des enfants.
Un rassemblement prévu devant le parlement
Le collectif Sauvons nos enfants appelle les parents à manifester devant le parlement demain, jeudi avant la séance de vote. Tandis que le collectif Innocence En Danger (IED) prévoit d’attaquer l’État en justice. « Nous sommes un collectif mondial de protection contre les violences sexuelles envers les enfants. Nous avons été alertés dès le mois d’octobre dernier par de nombreux parents qui étaient interpellés par le nouveau guide Evras. Nous estimons que le côté sexuel n’a pas à être enseigné à l’école. D’ailleurs, l’éducation n’est pas une prérogative de l’école qui a un devoir d’instruction et d’enseignement. L’éducation concerne les parents uniquement. C’est totalement opportuniste de la part des politiciens. L’éducation sexuelle revient aux parents, et cela relève de la sphère intime et privée. Nous lançons une levée de fonds car nous souhaitons attaquer l’État devant les tribunaux. Même si demain, jeudi, les animations sont rendues obligatoires en 6ème primaire et en 4ème secondaire, il faut noter que les témoignages de parents indiquent que certains sujets sont déjà évoqués dans d’autres matières en première ou en deuxième primaire. À titre d’exemple, on demande aux élèves de relier des images à des phrases où l’on voit un papa qui part travailler avec des vêtements de femmes… c’est insidieux et indirect. Ce n’est donc qu’un début » indique Kevin, porte-parole du collectif Innocence En Danger. La question est de savoir si l’école est légitime pour aborder ces sujets liés à l’intime. Pour les associations de parents, ce n’est pas son rôle. « Nous venons avec des questions d’adultes en souffrance, des questions que les enfants ne se posent pas avant l’adolescence : la question du genre, les rapports sexuels,… Il est donc malsain d’exposer des enfants à ces questions auxquelles ils n’accordent aucune importance et qui au contraire peuvent perturber leur développement psychique » conclut Kévin.
Opposition d’associations musulmanes
Dans un communiqué, plusieurs associations musulmanes expriment leur désaccord profond envers le guide. «Cette décision nous semble aller à l’encontre des valeurs universelles et inviolables du cadre de l’éducation familiale et aux intérêts des élèves ainsi que de leurs familles. Nous resterons vigilants et continuerons à défendre le droit des familles à choisir l’éducation qui convient le mieux à leurs enfants, tout en garantissant une communication ouverte et respectueuse sur ce sujet délicat » indique le communiqué signé par la Diyanet de Belgique, la Fédération Islamique de Belgique, la Fédération des Mosquées Albanaises de Belgique, les Associations des Mosquées Africaines de Belgique, l’Union des Mosquées de Liège, la Communauté Islamique Bosniaque de Belgique et les Associations Culturelle Turque Islamique Ehli-Beyt.
Près de 5 millions d’Euros ont été dégagés afin d’assurer deux animations obligatoires pour un total de 110 000 élèves concernés (4ème secondaire et 6ème primaire). Un début, puisqu’il est prévu à terme d’élargir ces animations si le budget le permet.