« On mérite mieux qu’une polémique islamophobe », le titre du communiqué est pour le moins assez direct. Les associations d’étudiants apportent leur soutien aux étudiants stigmatisés à la suite d’une vidéo clandestine publiée par la Libre Belgique. Sur la vidéo, des étudiants en prière sous un escalier sur le campus de l’Université de Bruxelles. Il n’en fallait pas plus pour déclencher une vive polémique médiatique. L’ULB, qui ne dispose pas de local dédié à la spiritualité, a rappelé qu’elle n’accepterait aucune demande en ce sens.
Des étudiants qui prient sur le campus de l’ULB à l’abri des regards, ce n’est pas un fait nouveau. D’ailleurs, aussi bien le personnel enseignant que les autorités étaient au courant de la pratique et n’ont jamais tenté d’y mettre un terme. Et pour cause, jusqu’ici, les prières ont toujours été tolérées car elles n’avaient jamais posé de problèmes. « On le voit sur la vidéo, par ailleurs filmée d’une manière honteuse, les étudiants sont au bas d’un escalier, à l’écart, ils ne gênent personne. S’ils se sont autorisés à y laisser des tapis de prière, c’est qu’ils se sentaient assez en confiance pour le faire car cet espace était connu des autorités » souligne Ahmed Abdi, président de la Fédération de la Jeunesse Musulmane (FJM).
Un phénomène marginal
Une pratique qui selon les associations d’étudiants reste marginale. « Ce phénomène marginal qui ne concerne peut-être que quelques dizaines d’étudiant.e.s sur les 40.000 a été monté en épingle sous couvert du libre examen. II convient de rappeler que ce principe fondateur de l’ULB, qui prône une remise en question des dogmes et arguments d’autorité, est à la base d’un combat progressiste pour une société plus ouverte et inclusive. Là où des étudiant.e.s avaient besoin de se sentir protégé.e.s par leur université face à une attaque réactionnaire, le rectorat a préféré prendre la voie de la stigmatisation » indique le communiqué signé par plus d’une dizaine d’associations étudiantes parmi lesquelles le Bureau des Étudiants Administrateurs (BEA), ou la Fédération des Étudiants Francophones (FEF).
L’ULB, figure d’exception
L’ULB ne dispose pas de salle de prière, les étudiants de confession musulmane ont donc trouvé un couloir désaffecté pour pouvoir se recueillir sur leur temps de pause. Mais l’ULB fait figure d’exception puisqu’à Louvain-La-Neuve une mosquée a été inaugurée tandis qu’à la faculté de Saint-Louis, c’est une salle de méditation qui est prévue et mise à disposition de l’ensemble des étudiants. Du côté des autorités de l’université de Bruxelles, il n’est pas question de prévoir ce type de local. « Ses campus sont dédiés en priorité à l’étude et à la recherche. Les demandes d’installation de lieux de prières, de culte ou de recueillement ne sont et ne seront dès lors pas acceptées par les autorités de l’université » martèle un mail à l’attention des étudiants signé par la rectrice de l’université Annemie Schaus. Néanmoins, la Fédération de la Jeunesse Musulmane(FJM) qui travaille avec le Cercle de la Jeunesse Musulmane à Bruxelles, espère faire évoluer la position des autorités sur cette question : « nous sommes ouverts au dialogue, nous sommes prêts à rencontrer les autorités de l’université pour discuter en dehors de toute polémique pour aborder cette question sereinement. Nous avons le sentiment que l’ULB a cédé sous les pressions médiatiques. Nous sommes conscients que le chemin sera long mais nous serons aux côtés des étudiants » conclut Ahmed Abdi. À la veille de la rentrée universitaire, le Président de la Fédération de la Jeunesse Musulmane tient également à rappeler que cette polémique ne doit pas occulter les vrais problèmes rencontrés par l’enseignement supérieur : la précarité étudiante, le « définancement » de l’enseignement, les conséquences du décret paysage, ou encore les nombreux cas de violences sexistes et sexuelles,…