À l’occasion du ramadan, des musulmans belges invitent des non-musulmans à rompre le jeûne en leur compagnie. L’objectif, au-delà du partage du repas, est de créer des ponts et de briser les préjugés. Reportage
Iftarons, prenons l’iftar ensemble, c’est le concept mis sur pied par l’asbl Fedactio qui œuvre en faveur de l’interculturalité. Les musulmans invitent donc les non-musulmans à l’heure de la rupture du jeûne pour partager un moment convivial autour d’échanges et de discussions animées. « Depuis 2016, nous travaillons sur l’interculturalité. Nous souhaitons créer des ponts entre les individus, nous organisions donc des repas conviviaux, des brunchs en comité élargi mais ces échanges ne permettaient pas vraiment de créer des vraies relations. Alors nous avons opté pour le cadre privé, le foyer familial, cet espace intime finalement favorise davantage les échanges. Nous n’étions pas sûrs du succès et nous avons été surpris, cela a eu énormément de succès : la première année, nous avons réussi à connecter 1000 familles à travers toute la Belgique » sourit Sema Aydogan, présidente de la plateforme dialogue de Fedactio et chargée de projet.
La proximité avant tout
Fedactio essaye au maximum de connecter des personnes qui se trouvent dans la même région et parfois même dans la même commune. « Le critère de proximité est très important pour nous cela favorise les relations sur le long terme. Et cela fonctionne : des familles musulmanes ont été ainsi invitées à leur tour, il y a une découverte des deux côtés, ce n’est pas dans un seul sens : les musulmans ne reçoivent pas pour montrer leur culture, mais ils apprennent aussi énormément des échanges, certains n’ont jamais invité de non-musulmans avant iftarons » ajoute Sema.
Frères et sœurs en humanité
Chris a participé à l’un de ses repas, elle en garde un souvenir merveilleux. « La soirée était très belle, l’accueil et l’hospitalité ont été exquis, et nos échanges ont été profonds. À un moment donné, le père de famille m’a proposé de faire une prière, et lui en a fait aussi une, c’était un moment sacré. Nous nous sommes finalement découverts frères et sœurs en humanité et dans la foi parce que finalement nous croyons en un dieu unique qui est le même mais notre approche est différente » se remémore Chris. Derya a choisi d’ouvrir ses portes, habitant depuis peu à Bruxelles, elle a décidé cette année de participer à cette initiative pour faire avant tout de nouvelles rencontres. « C’est surtout pour aller à la rencontre, découvrir, partager. Je me demandais si je devais réviser certains aspects pratiques de la religion pour pouvoir répondre au mieux aux éventuelles questions mais finalement cela s’est fait très naturellement. On a essayé de reproduire un peu ce qui se passe dans tout pays musulman avec un appel à la prière pour faire vivre pleinement ce moment à nos hôtes, nous avons parlé du jeûne et de ses différents aspects mais ensuite la conversation s’est orientée naturellement vers l’actualité belge. Nous avons finalement passé un très bon moment, c’est ce qui était le plus important, mon objectif n’était pas de déconstruire des préjugés mais uniquement de partager un moment convivial autour d’un repas. Nous avons constaté une fois de plus que nous sommes tous semblables » conclut Derya.
Pour participer en tant qu’hôte ou participant :
www.iftarons.be