Les cours de religion et de morale pourront bientôt disparaître de la grille horaire des élèves du primaire et du secondaire. Le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles souhaite en effet rendre ces cours optionnels dès la rentrée 2024. Ils devraient donc se donner en extrascolaire pour les parents qui en font expressément la demande. Une décision qui surprend les parents qui ont décidé de se mobiliser pour le maintien de ces cours dans la grille horaire. Une campagne pour sensibiliser la population sera lancée ce week-end à travers la capitale.
Dès la rentrée 2024, les cours de religion et de morale devraient disparaître de la grille horaire au profit du cours d’éducation à la philosophie et à la citoyenneté (CPC). Les cours de religion et de morale avaient déjà dû concéder une heure au CPC en 2016 pour le primaire, et en 2017 pour le secondaire. « En novembre dernier, nous apprenons que le cabinet de la ministre Caroline Désir émet la volonté d’accélérer le processus de l’optionalité des cours de religion et de morale. Nous avons été surpris. Un avant-projet de décret pourrait voir le jour dès mai 2023. En tant que coordination des enseignants de religion islamique (CERI), nous demandons la raison de cette soudaine accélération du processus. Une situation que nous trouvons par ailleurs étonnante puisque les principaux concernés, les parents, ne sont pas invités à donner leur opinion sur la question » explique Hafida Hammouti, co-fondatrice de la CERI.
La FAPEO et l’UFAPEC seules autour de la table
Suite au décret mission du 24 juillet 1997 (article 69 paragraphe 5), seules deux associations de parents d’élèves sont autorisées à participer aux débats. Il s’agit de la FAPEO, association de parents d’élèves constitutive du CAL, le Centre d’action laïque et l’UFAPEC, l’Union Francophone des Parents de l’Enseignement Catholique. La position de la FAPEO est claire sur le sujet, l’association s’est toujours positionnée en faveur de l’abandon des cours de religion au profit du CPC. Pour ce qui est de l’enseignement libre confessionnel, il n’est, à l’heure actuelle, pas concerné par cette réforme.
Une organisation compliquée
En passant hors de la grille horaire, les enseignants craignent que les parents fassent le choix de l’abandon pur et simple de ces cours en raison des difficultés liées à l’organisation. « Nous allons concrètement devenir des cours du soir. Donner cours à des enfants à 17h ou même 18h alors qu’ils sont sur les bancs de l’école depuis 8h du matin, ce n’est tout simplement pas envisageable, cela ne nous permettra pas de travailler dans de bonnes conditions. Objectivement, cela va constituer un réel obstacle pour les parents qui choisiront de ne pas inscrire leurs enfants, ce qui est totalement compréhensible. Par ailleurs cela aura un impact direct sur l’emploi et les premières victimes de cette réforme seront les femmes encore une fois, et particulièrement les femmes qui ont décidé d’arborer un foulard puisqu’elles ne pourront pas se réorienter vers les cours de CPC où la neutralité est imposée » constate Hafida Hammouti.
Une campagne pour mobiliser
Un courriel a été envoyé aux membres du gouvernement pour signifier l’opposition des parents dans ce dossier. Une pétition circule également et a réuni à l’heure d’écrire ces lignes 17 858 signatures. « Les cours de religion et de morale sont un droit constitutionnel. 85 % des parents souhaitent le maintien de ces cours, nous voulons signifier ainsi au gouvernement que nous avons le sentiment de ne pas être entendus sur cette question. La FAPEO ne peut être la seule voix des parents, elle n’est pas représentative de l’ensemble des parents d’élèves de l’enseignement officiel. À ce titre, comme nous ne sommes pas invités autour de la table, nous lançons une campagne pour faire entendre notre voix. L’objectif est de sensibiliser les parents qui ne sont pas toujours au courant de ce qui se décide au plus haut niveau » souligne Mohamed El Mokadem, parent d’élèves et membre du collectif RLMO. Le lancement de la campagne est prévu ce week-end. « L’objectif est de mobiliser la population sur cette question par la distribution de flyers, une campagne d’affichage, la circulation de la pétition… Nous profiterons du mois de ramadan pour aller à la rencontre des gens à la sortie des mosquées, des magasins… Nous souhaitons que tous les parents puissent comprendre ce qui est en train de se jouer et les décisions qui sont prises sans qu’on leur demande leur avis. Ce n’est pas tolérable dans une démocratie » conclut Mohamed El Mokadem.
Pour en savoir plus:
www.rlmo.be