Entre le sentiment d’avoir été victime d’islamophobie et des faits avérés, il peut parfois exister un réel écart.
Il s’agit parfois de mauvaises interprétations ou d’une incompréhension mutuelle.
C’est pourquoi le CIIB a mis en place une méthode de travail objective afin de ne pas tomber dans le piège de l’émotion.
Un cas concret sur lequel travaille le collectif est cette vidéo qui circule actuellement sur les réseaux sociaux où l’on aperçoit des jeunes filles portant le foulard qui expliquent, selon leurs versions, avoir été expulsées d’une journée « portes ouvertes » à l’Institut Saint-André à Charleroi.
La vidéo fait actuellement le buzz sur les réseaux sociaux. Des jeunes filles ont participé à la porte ouverte organisée au sein de l’établissement d’enseignement catholique Saint-André à Charleroi ce samedi 20 mai. Elles auraient été expulsées par la police en raison du port du foulard, interdit dans le règlement d’ordre intérieur.
Contactée par la famille de plusieurs jeunes filles présentes lors de cet évènement, le CIIB, le Collectif pour l’Inclusion et contre l’Islamophobie en Belgique s’est saisi du dossier :
« dans un premier temps, nous ne pouvions pas réagir puisque les jeunes filles sont mineures.
Ce n’est que lorsque les parents nous ont contactés que nous avons pu démarrer notre enquête »
explique Layla Azzouzi, responsable du service d’aide aux victimes du CIIB.
L’objectivité
« Si l’on se base uniquement sur la vidéo, il y a de quoi se révolter. Mais il faut pouvoir entendre toutes les parties dans ce dossier.
C’est pourquoi, nous avons rédigé un courrier à l’attention de l’école afin d’entendre leurs versions des faits. Nous avons également contacté la police afin de prendre connaissance du procès-verbal qui a été rédigé. Nous devons respecter ces différentes étapes afin de comprendre l’évènement avant de prendre la décision de porter plainte dans ce type d’affaires. Nous procédons de cette manière pour l’ensemble des dossiers pour lesquels nous sommes saisis »
souligne Layla Azzouzi.
Contactée, l’école Saint-André de Charleroi n’était pas joignable mais elle s’est exprimée sur sa page Facebook :
« suite à certaines incompréhensions, nous vous rappelons que le règlement d’ordre intérieur est d’application pour nos élèves et ce, même lors d’activités extra-scolaires attachées à l’école.
Nous vous rappelons que nous sommes et serons toujours gardiens du respect de ce règlement. »
L’école estime donc qu’il s’agit d’une incompréhension tandis que les parents des jeunes filles estiment qu’elles ont été victimes d’islamophobie.
L’enquête du CIIB permettra de déterminer si les faits constituent réellement une atteinte aux libertés ou s’il s’agit d’une mauvaise interprétation.
Dénoncer et se diriger vers les instances compétentes
« En cas de confrontation à des vidéos dénonçant des actes islamophobes, il convient d’adopter une approche mesurée et respectueuse des principes juridiques et des droits fondamentaux lorsqu’on est confronté à de tels cas, afin d’agir de manière éclairée et constructive dans la lutte contre l’islamophobie”.
Le CIIB conseille donc d’adopter cette approche particulière lorsque l’on se retrouve dans une situation similaire :
1. Vérification des informations : Avant de diffuser massivement, il est impératif de vérifier avec diligence l’exactitude des faits présentés.
Il est conseillé de transmettre ces vidéos à une organisation spécialisée dans la défense des droits humains qui sera en mesure d’analyser de manière objective les éléments et de déterminer leur caractère discriminatoire ou non.
2. Recours à une organisation compétente : Si les éléments sont qualifiés de discriminatoires, cette organisation assumera la responsabilité de déterminer s’il s’agit d’un incident isolé ou d’un problème récurrent nécessitant une intervention plus systémique.
Elle pourra alors mobiliser d’autres acteurs associatifs, institutionnels ou politiques en vue de mettre en place des mesures appropriées.
3. Sensibilisation et partage : Il est recommandé de partager ces vidéos pour informer l’opinion publique sur les discriminations auxquelles certaines minorités peuvent être confrontées.
Cinq actes islamophobes par semaine
Il y a au moins cinq actes islamophobes rapportés par semaine en Belgique.
« Ces chiffres sont loin d’être représentatifs de la réalité. Selon les études, 18% seulement des victimes acceptent de déposer plainte » pointe la responsable du service d’aide aux victimes du CIIB.
Plus encore, 90% des victimes d’islamophobie sont des femmes et les domaines les plus touchés concernent l’accès à l’enseignement et à la formation, et le marché de l’emploi.
Pour en savoir plus https://islamophobia.be