Le Hamas a lancé une attaque inédite contre Israël hier samedi 7 octobre. Une date qui n’est pas anodine, puisqu’elle intervient cinquante ans après la guerre de Kippour de 1973. L’attaque militaire surnommée « déluge d’Al Asqa » a pour objectif de « mettre fin à tous les crimes de l’occupation », selon Mohammed Deif, chef de l’aile militaire du Hamas, les brigades Ezzedine al-Qassam. En réponse, le premier ministre israélien promet une « guerre totale ».
Plus de 600 morts côté israélien et plus de 300 côté palestinien, selon le nouveau bilan de cette attaque lancée par centaines de combattants palestiniens infiltrés dans les localités israéliennes limitrophes de Gaza. Pour Israël, cette attaque est la plus meurtrière depuis des décennies. Les combattants armés du Hamas ont infiltré plusieurs villes limitrophes israéliennes par voie maritime, aérienne et terrestre. L’armée israélienne a réagi avec l’opération « Sabres de fer » en lançant d’intenses frappes aériennes sur la bande de Gaza.
Gaza s’attend au pire
Une série de frappes aériennes a touché le centre de l’enclave qui compte environ un demi-million d’habitants. Des frappes qui sont intervenues après qu’un porte-parole de Tsahal a exhorté la population à évacuer leurs maisons. Un ordre critiqué puisque Gaza est surnommée la « prison à ciel ouvert », aucune procédure d’évacuation ou d’abri n’existe. Par ailleurs l’approvisionnement en électricité et en carburant a été coupé, et le transfert des biens vers Gaza a été suspendu.
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Le Premier ministre Benyamin Netanyahou a prévenu ce dimanche les Israéliens qu’ils étaient « embarqués dans une guerre longue et difficile » au lendemain de cette attaque inédite du Hamas causant plusieurs centaines de morts dans les deux camps. « Tous ces endroits où le Hamas se cache, nous allons en faire des ruines » a-t-il souligné. Des dizaines de milliers de réservistes ont été mobilisés, ce qui suggère une possible invasion terrestre de la bande de Gaza, a rapporté le journal israélien Haaretz.
Condamnation internationale
Les condamnations internationales ont été nombreuses : de la communauté européenne en passant par les Etats-Unis, tous ont apporté leur soutien à Israël. Une condamnation à géométrie variable selon certains. Le professeur de droit international à l’ULB François Dubuisson estime qu’il est primordial de replacer cette attaque dans un contexte plus global. « Il faut rappeler que les illégalités sont commises au départ par Israël qui maintient un blocus militaire à l’encontre de Gaza depuis maintenant 16 ans et un blocus militaire est équivalent à une agression en droit international, plus généralement, il y a une occupation du territoire palestinien qui s’accompagne d’une colonisation qui ne fait que s’accroître avec des tas de mesures de repressions à l’encontre de la population palestinienne, des destructions de maisons notamment. Donc il est difficile de faire l’impasse sur tous ces éléments de contexte pour comprendre qu’ici le Hamas a voulu rompre les lignes, bouleverser la situation, parce que l’on assiste aussi à une impassivité totale de la communauté internationale, que ce soit les Etats-Unis ou l’Union européenne, qui continue d’entretenir des relations économiques normales avec Israël. De temps en temps, elle adopte des condamnations verbales mais il n’y a aucune avancée dans une perspective de solution » rappelle le professeur interrogé par la RTBF.
#Israël Communication de #Tsahal en arabe « j’ai une chose à dire, le #Hamas a ouvert les portes de l’enfer sur #Gaza, Hamas a pris la décision et en portera la responsabilité » ça laisse présager une opération israélienne d’envergure pic.twitter.com/OTfM7Lcleb
— Wassim Nasr (@SimNasr) October 7, 2023
Gaza sous pression: « trop c’est trop »
“Trop c’est trop, le cycle des soulèvements et des révolutions dans le combat pour libérer notre terre et nos prisonniers (…) dans les prisons (israéliennes) doit être mené à son terme”, a déclaré le chef du Hamas Ismaïl Haniyeh dans une allocution télévisée diffusée par Al-Aqsa TV, chaîne de télévision du Hamas. Israël occupe depuis 1967 la Cisjordanie, un territoire palestinien, et la partie orientale de Jérusalem, et impose un blocus à Gaza depuis plus de 16 ans. Le gouvernement israélien d’extrême droite a fait de la colonisation le point central de son programme: depuis le début de l’année, on assiste à une accélération des opérations de colonisation, de nettoyage ethnique, et de répression contre le peuple palestinien : « Avec un gouvernement qui gouverne avec des partis que l’on peut qualifier de fascistes et d’extrême droite et qui a mené à l’adoption de mesures qui vont dans le sens d’un accroissement de la colonisation, de mesures même d’annexion de la Cisjordanie et dernièrement la modification du statut quo à l’esplanade des mosquées qui est une question toujours sensible sur le statut des lieux saints de Jérusalem, tout cela n’a fait qu’exacerber les tensions entre, de manière générale, les groupes palestiniens et Israël et plus particulièrement le Hamas. Et on peut penser que la réponse qui sera donnée sera particulièrement dure, et encore beaucoup plus forte que les dernières guerres auxquelles on a assisté, puisque c’est la sixième guerre depuis 2006. » conclut le professeur de droit international François Dubuisson.