C’est une première en Belgique, le gouvernement bruxellois a marqué son accord, en première lecture, sur l’avant-projet d’ordonnance permettant la création d’un Conseil consultatif pour l’élimination du racisme. Mais concrètement, quelle est la situation du racisme en Belgique ?
Ce nouveau conseil sera installé au sein de Brupartners, l’organe de concertation sociale bruxellois. Sa mission concernera essentiellement l’émission de recommandations et d’avis sur les questions relatives au racisme en région bruxelloise, sur demande du gouvernement ou de sa propre initiative. Les membres, 22 effectifs au total, se composent entre autres d’associations anti-racistes, d’experts académiques, d’Unia ou encore des représentants du Conseil bruxellois pour l’égalité entre les femmes. Il devrait être effectif au plus tard en 2024.
Logement, domaine le plus concerné par le racisme
Selon l’Unia, l’institution publique chargée de lutter contre la discrimination, le domaine le plus concerné par le racisme est celui des biens et services, principalement le logement. Face à la récurrence des signalements, l’organisation a développé un outil spécifique. Il s’agit d’une méthode permettant de vérifier et de prouver qu’une personne a subi une discrimination raciale au logement. Ensuite, le domaine le plus touché par le racisme est l’emploi, que ce soient dans le cadre des relations avec les supérieurs, les collègues ou les clients. Enfin, le dernier domaine affecté concerne la « société », ce sont les discriminations commises dans l’espace public.
Différences selon les origines
Dans le cadre de la deuxième enquête de l’Union européenne sur les minorités et la discrimination (2021), l’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne a interrogé, entre autres, des musulmans belges sur leurs expériences en matière de discrimination et de violence. 30 % des répondants musulmans d’origine nord-africaine ont déclaré avoir été victimes de discrimination en Belgique au cours des 12 mois précédant l’enquête, et 43 % au cours des 5 dernières années. Ce chiffre est inférieur pour les répondants musulmans d’origine turque, avec 21% et 31% respectivement. 59% des répondants musulmans belges pensent que la discrimination fondée sur la religion est relativement fréquente à très fréquente en Belgique, 57% pensent que c’est le cas pour l’origine ethnique ou le contexte migratoire et 49% pensent que c’est le cas pour la couleur de la peau.
Les chiffres concernant l’afrophobie sont également élevés. Selon une enquête de la Fondation Roi Baudouin, 92% des personnes d’origine africaine interrogées « ont indiqué que des personnes en Belgique sont victimes d’un traitement inégal, de discriminations ou d’insultes en raison de leur couleur de peau noire« . 77% affirment en avoir été personnellement victimes.
Unia se positionne en faveur d’une concertation entre les régions sur cette question du racisme afin de ne pas laisser place au « chacun pour soi ». Le plan interfédéral de lutte contre le racisme, lui, se fait toujours attendre….