Le ramadan est à nos portes, et avec lui les tables de l’iftar soigneusement dressées. Alors que ce mois béni est un mois d’abstinence, il est paradoxal de constater que les dépenses liées à l’alimentation explosent durant cette période… Un budget parfois doublé qui fait les affaires du secteur de l’alimentation.
Ramadan, mois de jeûne et de prières pour des millions de musulmans à travers le monde est aussi synonyme de rassemblements familiaux ou communautaires. Les consommateurs affluent vers les magasins en quête de produits et aliments consommés spécifiquement lors du repas du soir, l’iftar. Les files devant les boulangeries, boucheries, et autres épiceries témoignent de cette course à la consommation. Des files qui n’apparaissent que lors du mois béni. Période faste pour les enseignes commerciales, le ramadan fait l’objet d’une attention particulière de la part du secteur de l’alimentation qui souhaite bien profiter de cet excès de dépenses. De nombreuses enseignes adaptent leurs rayons pour offrir aux clients musulmans des espaces dédiés aux produits particulièrement consommés lors de cette période : dattes, épices, et autres semoules, comme c’est le cas chez Delhaize par exemple. Chez le groupe Colruyt, c’est une campagne publicitaire qui a été lancée et qui vante les mérites des crêpes marocaines (baghrir). « La diversité n’a pas de frontières quand il s’agit de flouz » commente un internaute.
Gaspillage
Cependant, cette période de consommation intense est aussi marquée par des pratiques de gaspillage alimentaire alarmantes. Pain, dattes, boissons, viandes, fromage… Des repas fastueux sont préparés pour les Iftars, souvent en excès par rapport aux besoins réels des familles, ce qui conduit à un gaspillage considérable. La FAO, l’organisation des Nations-Unies pour l’alimentation et l’agriculture, précise que le gaspillage alimentaire connaît un pic important pendant le ramadan, pouvant atteindre les 84,8% dans les pays où le rite du jeûne est pratiqué comme l’Algérie, l’Egypte, le Liban, le Maroc, la Tunisie et la Turquie. Parmi ces déchets alimentaires, « beaucoup de plats sont préparés et finissent à la poubelle sans même avoir été consommés en partie« .
Veiller à une consommation juste et mesurée semble cette année d’autant plus essentiel à la lumière de la famine causée par Israël à Gaza et des millions de personnes dans le monde qui souffrent de faim ou de malnutrition. Face à ce constat, jeter de la nourriture en abondance est une pratique moralement difficile à accepter.
De plus, des initiatives de collecte et de distribution alimentaire sont organisées pour rediriger les excédents alimentaires vers ceux qui en ont le plus besoin. En fin de compte, le Ramadan offre une occasion unique de réfléchir non seulement à nos habitudes de consommation, mais aussi à notre responsabilité envers les autres. En adoptant des pratiques de consommation plus conscientes et en luttant contre le gaspillage alimentaire, les fidèles peuvent véritablement incarner les valeurs de partage, de solidarité et de respect de l’environnement qui sont au cœur de ce mois béni.