Humza Yousaf, 37 ans, a été élu mardi Premier ministre de l’Écosse par le parlement d’Edimburg. Il avait pris la veille la tête du Parti national écossais (SNP) à l’issue d’un scrutin interne déclenché suite à la démission surprise de Nicola Sturgeon en février. Officiellement en poste depuis hier mercredi, il devient ainsi le plus jeune chef de gouvernement du pays, mais aussi le premier musulman à atteindre une telle fonction en Europe. Portrait
« C’est un jour de fierté pour moi et ma famille, et j’espère que c’est aussi un jour de fierté pour l’Écosse car cela témoigne de nos valeurs en tant que pays alors que je me tiens ici en tant que premier musulman à diriger une nation démocratique occidentale« , a déclaré vibrant d’émotion Humza Yousaf juste après le vote du Parlement, mardi 28 mars.
Écossais aux origines multiculturelles
Né à Glasgow en 1985, Humza Yousaf a des origines pakistanaises du côté de son père né au Pakistan et qui a émigré en Ecosse dans les années 1960. Sa mère est née au Kenya d’une famille originaire d’Asie du Sud. Une multiculturalité qu’il n’hésite pas à mettre en avant. Il a notamment déclaré après avoir remporté les élections : « Je serai éternellement reconnaissant à mes grands-parents qui, il y a plus de soixante ans, ont quitté le Pendjab pour l’Écosse. Ils n’auraient pu imaginer dans leurs rêves les plus fous que leur petit-fils deviendrait un jour le prochain Premier ministre d’Ecosse. » Par ailleurs, lorsqu’il a été élu au parlement écossais en 2011, à seulement 26 ans, il choisit de prêter serment en anglais et en ourdou, marquant ainsi les esprits. Le nouveau premier ministre écossais est également marié à une écossaise d’origine palestinienne.
Cette origine multiculturelle n’a pas toujours été positive pour lui. Il explique avoir souffert de racisme et en particulier après les attentats du 11 septembre 2001.
Bon élève
Élevé à Glasgow, il passe sa scolarité dans une école privée, puis se dirige vers les sciences politiques. En 2011, à 26 ans, Humza Yousaf est élu au Parlement écossais. Il passe ensuite par plusieurs ministères, dont la justice et les transports. Durant son passage par la justice, en 2018, il marquera une fois encore les esprits comme secrétaire d’État à la justice. Il fait passer un texte de loi : le Hate Crime Bill, qui abolit le blasphème et crée ainsi une nouvelle infraction d’incitation à la haine. Certains de ses détracteurs ont dénoncé une restriction de la liberté d’expression.
Objectif : l’indépendance
Fidèle à la ligne indépendantiste de son parti, Humza Yousaf s’est engagé à faire partie de « la génération qui obtiendra l’indépendance ». Cependant, la cause indépendantiste semble dans l’impasse. Le gouvernement britannique a apposé son veto sur les volontés de Nicola Sturgeon d’organiser un deuxième référendum, après la victoire du « non » (à 55 %) lors d’une première consultation sur cette question en 2014. Un challenge qui s’annonce immense pour celui qui ne bénéficie que de 22 % d’opinion favorable dans la population écossaise selon un récent sondage Ipsos-Mori.