C’est en tous cas le souhait de la ministre Valérie Glatigny (MR) qui a annoncé une mesure visant à interdire le port de signes convictionnels pour les enseignants dans l’enseignement officiel en Fédération Wallonie-Bruxelles. Cette annonce, présentée comme un acte fort en faveur de la neutralité scolaire, soulève de nombreuses questions sur son opportunité et sa pertinence alors que le secteur connaît une pénurie importante.
Plus encore, sur le terrain, cette interdiction n’apporte rien de nouveau : les règles actuelles imposent déjà une neutralité stricte pour les enseignants dans l’exercice de leurs fonctions, ce qui inclut l’absence de tout signe religieux. Aucun professeur ne peut, à ce jour, donner cours en portant un foulard ou tout autre signe convictionnel. On crée donc un rejet et une stigmatisation d’une partie de la population en interdisant ce qui dans les faits, l’est déjà !
Une manœuvre politique ?
Cette mesure semble davantage relever de la communication politique que d’une réponse à un problème réel. Le MR qui s’est emparé également de la question de la radicalisation des élèves alors que les syndicats du secteur sont unanimes, il n’y a pas d’augmentation du phénomène ! Un non évènement, de la poudre aux yeux, pour éviter d’aborder les réels problèmes de l’enseignement. Cette annonce résonne davantage comme une tentative de renforcer l’image du MR en tant que défenseur d’une certaine idée de la société et qui refuse que Bruxelles, et la Belgique de manière plus globale, se transforme et doit pouvoir accueillir cette diversité en son sein.
« On garde espoir »
Pour le collectif « LetusTeach » (laissez-nous enseigner) qui milite en faveur de l’autorisation du port du foulard pour les enseignantes, cette annonce n’est pas une surprise : « Nous ne sommes pas surpris. Nous continuons à lutter contre cette interdiction et à militer auprès des différentes institutions afin que notre voix soit entendue. Sur le terrain, nous avons reçu beaucoup de retours de responsables et de directeurs d’école qui se positionnent contre cette interdiction, ce qui nous réjouit beaucoup. La prochaine étape est de convaincre ces responsables de prendre position clairement dans ce débat. La lutte sera longue et difficile, nous en sommes conscientes, mais tôt ou tard l’urgence les rattrapera et ils ne pourront plus se passer de l’expérience de toutes ces femmes qui ne demandent qu’à enseigner » affirme Aaliyah, du collectif LetusTeach.
Des priorités ailleurs
Alors que l’enseignement en Fédération Wallonie-Bruxelles fait face à des défis colossaux : manque de personnel, infrastructures vieillissantes, inégalités croissantes notamment, cette décision semble hors de propos. Plutôt que de s’attaquer à des problèmes imaginaires, les responsables politiques devraient concentrer leurs efforts sur des solutions concrètes pour améliorer la qualité de l’enseignement et le bien-être des élèves et des enseignants. L’annonce de la ministre Valérie Glatigny illustre une tendance croissante : celle de privilégier des mesures symboliques au détriment d’actions réellement transformatrices. Face à cette décision, il est temps de réfléchir à ce que signifie vraiment vivre ensemble dans une société diverse et inclusive.