Ce 15 mars marque la Journée internationale de lutte contre l’islamophobie. Une journée pour rappeler l’importance des valeurs d’inclusion et de respect mutuel. Néanmoins, les défis sont encore nombreux et le chemin à parcourir est encore long, notamment à Bruxelles, c’est ce que dénonce Mustapha Chaïri, co-fondateur du CIIB, le Collectif pour l’Inclusion et Contre l’Islamophobie en Belgique. Rencontre
L’islamophobie, définie comme la peur ou la haine envers l’islam et les musulmans, se manifeste de différentes manières, allant des préjugés subtils aux actes de discrimination flagrants. Dans de nombreux pays, les musulmans sont confrontés
à des discriminations systémiques dans les domaines de l’emploi, du logement, de l’éducation et de la sphère publique. L’un des défis majeurs dans la lutte contre l’islamophobie réside dans la sensibilisation et l’éducation. « Cette journée du 15 mars a été décrétée par l’ONU en 2022. Un travail de longue haleine puisqu’il a fallu convaincre des pays qui étaient résistants notamment sur la définition du terme « islamophobie ». Mais concrètement, il s’agit tout simplement de la violation des droits humains. Chez nous, 60 % des signalements enregistrés par le CIIB concernent l’institutionnel et touchent 80 % des femmes. L’ONU demande aux gouvernements de prendre des dispositions pour lutter contre l’islamophobie sous toutes ses formes » explique Mustapha Chaïri, co-fondateur du CIIB.
Bruxelles à la traîne
Au niveau fédéral, la coalition NAPAR, composée d’une soixantaine d’organisations belges, mène des actions de plaidoyer pour un plan d’action interfédéral contre le racisme. « Dans ce plan, on retrouve l’islamophobie. Mais le grand problème que nous avons actuellement, c’est que nous avons 7 ministres pour l’égalité des chances, chacun avec son domaine de compétence et donc les interlocuteurs et les parlements sont différents. Mais notre grande déception, c’est Bruxelles. Il y a une invisibilisation de l’islamophobie aussi bien dans le plan contre le racisme qu’au niveau des interlocuteurs qui auraient pu porter cette question au sein du nouveau Conseil Consultatif Bruxellois pour l’élimination du Racisme (CCBR). Le chemin est encore long, la lutte contre l’islamophobie est actuellement sur pause à Bruxelles, il s’agit peut-être d’une stratégie politique à la veille d’élections régionales. Mais tout ce qui se fait sans nous, se fait contre nous. »
Enfin, Mustapha Chaïri adresse un message particulier aux hommes et femmes politiques qui se présentent aux prochaines élections du 09 juin prochain : « Je demande aux hommes politiques d’avoir un peu de dignité et de ne pas s’afficher avec
des femmes en foulard alors que dans leur programme et même leur idéologie
personnelle, ils excluent continuellement ces femmes. »