À l’approche de l’Aïd al-Fitr, les musulmans de Belgique s’apprêtent à s’acquitter de la zakat al-fitr, un acte de charité obligatoire destiné à purifier le jeûne du mois de ramadan et à venir en aide aux plus démunis. Mais cette année, une confusion persistante autour du montant à verser jette le trouble parmi les fidèles. Musulmans.be décrypte tout cela pour vous.
Deux instances, deux montants
Le Conseil Musulman de Belgique (CMB), s’appuyant sur les recommandations du Conseil des théologiens, a fixé le montant de la zakat al-fitr à 7 euros par personne. Une décision basée sur le calcul des données locales relatives au prix des denrées de base. Cependant, cette annonce contraste avec celle de l’Exécutif des Musulmans de Belgique (EMB), qui recommande de verser 10 euros. L’Exécutif n’est plus l’organe officiellement reconnu mais il continue de publier ses recommandations à destination des musulmans, alimentant une confusion regrettable.
Une divergence qui désoriente
Pour de nombreux fidèles, cette dualité de positions est source d’incompréhension et de désarroi. L’unité de la communauté, déjà mise à l’épreuve par d’autres débats internes, aurait nécessité une communication claire et coordonnée. Or, cette divergence institutionnelle vient fragiliser la confiance et générer des incertitudes, à un moment où la spiritualité et la solidarité devraient primer. Comment expliquer que des pays comme la France ou les Pays-Bas, où le pouvoir d’achat n’est pas fondamentalement différent de celui de la Belgique, fixent la zakat al-fitr à 9 euros, alors que le CMB retient une estimation bien plus basse ? Le montant de 7 euros paraît en décalage avec la réalité économique actuelle. Néanmoins il peut s’expliquer par l’obligation pour les personnes précarisées de s’acquitter également de cette zakat.
Quelle place pour le Conseil des théologiens ?
Cette situation soulève également des questions sur le rôle réel du Conseil des théologiens. Jusqu’à présent, ses interventions sont limitées à des annonces calendaires (début et fin du Ramadan) et à la fixation du montant de la zakat. Or, dans un contexte où les défis religieux, sociaux et identitaires sont nombreux, les attentes sont plus grandes.
Pourquoi ce conseil n’intervient-il pas davantage sur les questions de fond touchant à la pratique musulmane, à la vie des mosquées ou à la formation des imams ? Sa visibilité ponctuelle, uniquement en lien avec les rituels majeurs, donne une image réductrice de son utilité et fragilise sa légitimité aux yeux de nombreux croyants.
Un appel à plus de transparence et d’unité
Au-delà du débat technique sur le montant exact à verser, cette situation révèle un besoin urgent de coordination entre les différentes instances musulmanes du pays. Les fidèles, déjà confrontés à un contexte souvent difficile, ont besoin de repères clairs, d’une parole unifiée, et surtout, d’un encadrement religieux à la hauteur des enjeux actuels.
La zakat al-fitr est un acte de justice sociale, un rappel de solidarité et un pont entre les différentes couches de la société musulmane. Qu’elle devienne un sujet de discorde institutionnelle est profondément regrettable. Néanmoins, les musulmans de Belgique doivent se conformer à la décision annoncée par le CMB et le Conseil des théologiens, seules instances officielles. Enfin, rappelons qu’il s’agit d’un montant minimum, et que chaque musulman est libre de donner un montant plus élevé.