Les utilisateurs de la plateforme Youtube ou d’applications de jeux sur smartphone ont été inondés de vidéos diffusées par le ministère israélien des Affaires étrangères. Des publicités anti-Hamas, et certaines au contenu choquant révèle Check news. Une propagande massive qui aurait coûté 4,6 millions de dollars. Les marchés français, britanniques et espagnols sont concernés.
Depuis le 7 octobre et l’attaque du Hamas sur Israël, une nouvelle guerre oppose l’État hébreu aux Palestiniens de Gaza. Mais une autre guerre se joue entre les deux protagonistes, celle de la communication. Et à ce jeu-là, Israël a décidé d’investir de nombreux canaux et notamment en diffusant des vidéos de propagande sur Youtube en ciblant des comptes très populaires avec de nombreux abonnés, plusieurs millions. Pour rallier l’opinion internationale à sa cause, Israël n’a pas hésité à investir sur la plateforme appartenant à Google. De nombreux internautes ont partagé leur étonnement face à ces vidéos au contenu parfois choquant. Certaines vidéos portent directement le logo « State of Israël », ne laissant pas de doute concernant leur origine. Plusieurs influenceurs pro-palestiniens affirment avoir été contactés par des organisations israéliennes afin de relayer la doctrine israélienne auprès de leurs abonnés, contre paiement.

Une propagande bien ficelée
Dans son livre, « principes élémentaires de propagande de guerre », Anne Moreli, professeur émérite à l’ULB, expose une grille d’analyse pédagogique et critique et applicable à toute guerre. Parmi les éléments de cette grille :
1. Ce n’est pas nous qui avons commencé, ce sont les autres
2. Il n’y a que le camp adverse qui commet des atrocités
3. L’ennemi emploie des armes illégales
4. Dieu est de notre côté
5. Nous avons le soutien des artistes, des intellectuels,…
Selon Anne Moreli, interrogée par la RTBF, « tous ces mécanismes se répètent à travers toutes les guerres : la liberté d’expression est suspendue pendant la guerre, même pour dire que la responsabilité est partagée. Les avis divergents et même une opposition pacifiste sont très peu relayés dans les médias. On ignore ou on pénalise comme a été pénalisé Cassius Clay (Mohammad Ali) lors de la guerre au Vietnam qui a refusé d’aller se battre et surtout l’a déclaré haut et fort. »
Enfin, avoir un contrôle sur le contenu diffusé dans les médias constitue un enjeu majeur lors de conflit. Et à ce jeu-là, Israël a bien compris en interdisant l’accès à la bande de Gaza à tous les journalistes du monde entier. Seuls les journalistes palestiniens diffusent des nouvelles depuis l’intérieur de l’enclave mais leur contenu n’est relayé que dans le monde arabe et via les réseaux sociaux, les médias mainstream préférant opter pour des duplex depuis Israël ou dans les pays limitrophes… De nombreux comptes de personnalités présentes sur place à Gaza ont d’ailleurs été bloqués par la plateforme Instagram, certains y voyant une censure pure et simple…