La polémique autour de l’imam pakistanais qui a récité des versets du Coran à la tribune du parlement n’en finit pas, elle a même traversé nos frontières et s’est invitée ce vendredi à la séance plénière du parlement où la secrétaire d’État à l’Égalité des chances Nawal Ben Hamou a été sommée de s’expliquer sur sa présence.
Les faits remontent au 13 janvier dernier, l’asbl Friends of Brussels est reçue au sein du parlement bruxellois pour une célébration. Lors de cet évènement, plusieurs personnalités sont récompensées « pour leur métier ou leur créativité » explique la secrétaire d’État. Un évènement auquel elle est invitée pour remettre des prix. Un imam, Muhammad Ansar Butt, prend alors l’initiative de réciter quelques versets du Coran. Si la Secrétaire d’État avoue ne pas comprendre ce qui est récité, elle explique avoir néanmoins « compris immédiatement que cela avait une connotation religieuse. J’ai pris l’initiative de m’en distanciée moralement mais aussi physiquement. » Nawal Benhamou a également rappelé son « engagement de longue date pour la séparation entre les religions et l’État. Cette assemblée est un endroit sain où le contrôle démocratique est une réalité. »
La neutralité
Preuve s’il en fallait une que le sujet interpelle, le nombre de députés qui se relaie au perchoir est assez impressionnant. Pour Céline Fremault (CDH), « ce qui s‘est déroulé dans cet hémicycle est inacceptable, on ne prie pas dans un hémicycle ». Pour Guy Van Engel, « tout comme on ne fait pas de politique dans une église, dans une mosquée ou une synagogue, on ne fait pas de religion dans un parlement. » Marie Nagy (Défi) a souligné qu’il fallait rappeler le « grand principe de la neutralité qui est là pour garantir le respect des libertés de chacun. Ce qui s’est passé est inacceptable pour Défi. » Pour le Mouvement réformateur « la religion n’a pas sa place dans la tribune de ce parlement. L’image de Bruxelles, capitale de l’Europe, a été entachée » a insisté Cémentine Barzin dont le groupe réclamait des sanctions contre le député PS à l’origine de l’invitation Hasan Koyuncu.
Seule voix discordante au sein de l’hémicycle, celle du député Fouad Ahidar (Team Fouad Ahidar) qui a regretté que « le parlement ne soit pas aussi bondé lorsque l’on aborde d’autres sujets importants pour Bruxelles. Des textes ont été récités, il ne s’agissait pas d’une prière collective, il a donné des références, ses références. » S’adressant à la Secrétaire d’État, le député indépendant Ahidar l’a interpellé : « avez-vous vu le diable pour avoir voulu fuir ? »
La Secrétaire d’État avait quitté la salle lors de la récitation coranique en signe de réprobation. Lundi, en bureau élargi, le parlement a décidé de durcir les règles en matière d’organisations d’évènements au sein du parlement.